Miroir, mon moche miroir...
Depuis la rupture-pause d’avec mon BB (blond-banlieusard), je ne cesse de faire le ménage et de voir mes amis. Le reste du temps, je pleure.
1) Mais voilà, est-ce BB que je pleure ou la perte de moi à travers ce que j’interprète comme la perte de son amour?
2 )BB, est-ce un miroir déformant ou un être admirable?
3 )Est-ce que l’amour, c’est vraiment aimer l’autre ou l’image qu’il nous renvoie?
4) Et si les deux ingrédients cohabitent? Dans quelles proportions?
Ai-je de fait, déjà aimé?
Allez, philosophons, Amel Bent l’a fait après tout.
1) Je t’aime, moi pas, t’es trop moche.
Michaël m’a toujours mise sur un pied d’Estal, décrétant que j’étais la «meuf la plus mortelle de tous les temps».
Sauf que moi, je m’aime moyennement, limite pas. Alors ses compliments, au début, m’insultaient et je me disais que si lui me les offrait sans compter, c’est parce qu’il appartenait à la sous-race des toutous moches.
Je l’ai donc fait baver et remuer la queue, Michaël.
Il avait le poil doux et n’aboyait jamais, et ma baballe, il allait toujours la chercher, sans s'essouffler, mais la langue pendante, toujours.
Il est devenu mon meilleur ami, mon fidèle compagnon.
Je ne le baladais pas trop parce que son pedigree, à mes yeux, n’était pas AOC mais dans l’intimité, nom d’un chien, je l’aimais.
Puis, je l’ai emmené chez le toiletteur. Enfin, je pouvais l’exhiber.
Je commençais à l’aimer comme un homme, et non plus comme le chien que j’oubliais qu’il était.
2)Le 78, osons le dire : c’est la province.
Michaël aime la musique des années 80, quand il danse, on dirait un ado rappeur des beaux quartiers, il bégaie et zozotte un peu, a toujours une binouze à la main, quand ce n’est pas son membre vaillant.
Sa famille, ce sont ses «potes», sa vie est une «teuf» et moi, la femme de sa vie.
Il regarde Infosport, est fan du PSG.
Non, je ne l’admire pas.
Il trouve que je suis ce qu’il y a de plus beau sur terre, que je suis dingue au lit, drôle à en mourir. Enfin, il trouvait.
J’aimais donc l’image qu’il me renvoyait. CQFD.
3)Pourtant, Michaël, je l’aime.
Parce qu’avec lui, je suis moi, parce que sans lui, je suis mal. Parce qu’il déteste Arnaud Fleurent Didier et les hypeux qui écoutent des noms de chansons que même pas on sait si ils existent. Parce que j’aime la nouvelle scène française et les hypeux et que lui pas du tout et que je trouve ça drole.
J’aime sa peau, sa bouche, son regard sur moi et ses tremblements quand il pose ses yeux trop longtemps sur un être qu’il voit tellement mieux que ce qu’il n’est vraiment.
J’aime qu’il aime «Titanic» et que je déteste ce film.
J’aime quand il est dans sa voiture parce qu’on dirait qu’il est dans une auto tamponneuse.
J’aime qu’il se joue de la vie mais qu’il joue pas, pas avec moi, car l’amour, ça plaisante pas.
J’aime son souvenir et j’aime qu’il m’aime.
Je ne sais pas si c’est lui que j’aime, mais je l’aime.
4)80% d’amour de moi + 20% d’amour de lui.
Je suis Mel à 20% sans lui. Faut qu’il revienne.
5)Oui, j’ai déjà aimé pour la beauté du geste.