Cheveux courts, idées trop longues
Il trouve mon sourire magnifique et en me quittant, m'envoie comme un glaviot en pleine façade par trop lissée ces petits mots emprunts d'une maladresse qui eût été touchante dix ans auparavant dans la bouche d'un bellâtre aux cheveux gominés :
"Même si il ne se passe jamais rien entre nous, discuter avec toi en dehors de l'école, c'est toujours un bonheur."
Je souris et regarde partir l'oiseau par politesse, presque triste de ne remarquer encore que sa calvitie naissante sur sa touffe grisonnante.
Je demande ensuite à mes copines l'effet qu'il leur a fait :
"Il fait vieux quand-même".
Je les embrasse aussitôt et éternelle enfant insatisfaite, joueuse et marionnette du monde, m'exclame :
"Je sais maintenant que c'est le marin qu'il me faut"
C'est vrai quoi, je n'ai plus de rêve, à quoi m'agripper et que caresser sinon ses cheveux...?