Entre les murs
Je suis en retard, mea culpa : je n'ai vu "entre les murs" qu'aujourd'hui. Je ne pouvais donc taire mes impressions à chaud.
La première pensée qui m'est venue à l'esprit quand la lumière s'est rallumée : "Pourquoi, l'Esquive n'a t-elle pas eu la palme d'or, en son temps?"
L'esquive, c'était du cinéma. J'avais adoré ce film.
Le choix de la palme reste ici politique.
Mes amis m'avaient dépeint les élèves de cette classe de 4ème comme de sombres sauvages. Or, j'ai trouvé l'esprit et l'indiscipline de cette classe bien en deçà de ce à quoi j'ai déjà fait face, à Nanterre, devant des CM2.
Une copine m'avait même avoué que ce film poussait au racisme. Diantre!
A part 3 cas vraiment difficiles, j'ai trouvé les élèves volontaires, vifs certes mais volontaires. Leur enseigner le français m'aurait plu, je crois.
Les choix pédagogiques du prof, en revanche, m'ont laissé un goût amer :
Pourquoi juger Voltaire trop difficile pour des élèves de 13 ans?
Pourquoi admettre que l'imparfait du subjonctif ne sert finalement à rien si ce n'est dans les milieux "snobs"?
Il faut les pousser vers le haut nos rejetons! Esmeralda a adoré la République, de Platon, n'en est-ce pas le symbole précis?
Pourquoi, pour se faire à tous prix aimer, donner toujours raison aux élèves, jusqu'à admettre que l'Autriche revêt peu d'utilité sur la carte de l'Europe?
Quant à mettre en danger et en suspens toute une classe à cause d'un élève (quand le prof interrompt son cours pour emmener lui-même Souleymane chez le principal), ça tient de la faute professionnelle, ni plus, ni moins.
Et admettre le chewing gum, la veste et le sac à main en classe alors que depuis la maternelle, les élèves sont conditionnés à obéir sans broncher à ces règles de base, c'est à mon sens, de la démagogie.
Je sais ce que vous pensez : la critique est facile et l'art est difficile.
Mais là réside le problème : y a t-il dans la pédagogie de Bégaudeau un art quelconque de pousser ses élèves vers le haut? J'en doute.
Faire lire les autoportraits d'élèves à la classe entière, ça aussi c'est maladroit. Je l'avais fait une fois avec des CM1 excités et ça avait tourné aux règlements de compte interpersonnels, aux conflits socio-personnels. Ça avait été le clash, le pujilat et ça avait vite viré au délit de sale gueule.
Bien sûr qu'il a du bon ce prof : son humanité à fleur de peau, son réel attachement à ses élèves...
Mais sa volonté de se faire aimer l'emporte sur sa volonté de transmission de savoir savant.
Et cette satanée maladresse.
Peut-être que si je le critique autant, c'est parce qu'en lui je me reconnais.
Ah...ce foutu besoin de plaire...
J'ai néanmoins aimé ce "film" même s'il m'apparaît difficile de poser un jugement de valeur sur un fait de société filmé et non un film.
A part ça, tout va moyennement, vous l'aurez compris.