dimanche 12 octobre 2008

J'ai mâle


Un pull V et une chemise bien repassée.
Un jean et des chaussures en cuir bien cirées.
Des cheveux gominés.

Mais : sa veste en vieux cuir en toutes saisons et sa brosse à dents, toujours dans sa poche.
Quand je lui dis que le coup de la brosse à dents, ça ne rassure en rien la régulière potentielle que je suis, il me demande si je préfère qu'il soit fiable ou qu'il pue de la gueule.
Et moi, de lui répondre : "Pour le peu qu'on s'embrasse..."

Vendredi soir, je voyais G.
Comme avant, une bouteille de vodka partagée entre son pote, lui et moi, agrémentée de 5 bières par personne en guise d'amuse-gueule.

La tournée des bars abbessois puis chez moi, le tournant.

Pour que son copain s'en aille, G. se met dans mon lit, en caleçon et mime le mâle ronflant. Le docile ami s'en va, laissant face à face deux monstres écumant de chaleur.

G. me déshabille et me met à terre, devant mon miroir pieds (acheté la semaine dernière à l'autre bout de Paris et trimballé dans les transports pendant une heure, coupable potentiel d'un actuel intense mal de dos), il me tire les cheveux très fort, comme pour me punir de paraître en surface, si angélique.
Nous sommes vraiment bien imbibés.

Il m'oblige à me regarder dans le miroir quand il me fait "l'amour", et moi de refuser en m'expliquant : "Mais je suis timiiiiidee!", et lui de s'exciter d'autant plus, allant jusqu'à m'ouvrir les yeux, un peu comme dans "Orange mécanique".

Une heure de lutte que je nomme encore "faire l'amour" pour tenter d'aspirer à une certaine moralité.

L'espace d'un instant, j'ai ouvert les yeux, je me suis trouvée ridicule, avec sa main maintenant en l'air une mèche de mes cheveux. Une Punky Brewster, Mary à tous prix du sexe, un peu, mêlée à une O. au bord de la scène finale.

Le lendemain, G. est resté jusqu'à 15 heures 30, traînant son armure du lit à la fenêtre puis du lit au fauteuil mais pas du lit au lit.

Un souvenir musical de cet hier matin : la reprise par Noir Désir de "ces gens là" qui pour la première fois, me fait pleurer car dans les yeux de G., je ne me sens plus "Frida, qui est belle comme un soleil, et qui m'aime pareil, que moi j'aime Frida, même qu'elle me dit tout bas qu'on aura une maison avec des tas de fenêtres, avec presque pas de murs, et qu'on vivra dedans, et qu'il fera bon y être, et que si c'est pas sûr, c'est quand-même peut-être"

Non, je ne me sens plus Frida, le "peut-être", tout au plus.

Il a réparé mon ordinateur, fait le ménage, m'a fait à déjeuner et quand je lui ai demandé si on était ensemble il m'a répondu qu'il s'était coltiné, 4 années durant une "bourgeoise pouffe", alors que l'engagement, tout ça...

Il y a dix ans, lorsqu'on était amoureux, comme s'aiment les enfants, il m'avait fait mal toute une nuit, un peu comme cette nuit. Le lendemain, il s'était effondré et avait émis l'éventualité de me quitter si ça continuait ainsi, j'avais pleuré et lui de m'affirmer, le plus sincèrement du monde :
"Tu ne comprends pas que ça veut dire que je t'aime, ça".
Et nous nous étions vraiment aimés.
Enfin, nous avions mimé l'amour, comme les enfants de 5 ans, et nous avions vraiment été bons acteurs.

Bonne actrice, je le suis restée : G. ne saura en effet jamais à quel point il m'a fait mal hier. Jamais.

Je ne suis plus une enfant, maintenant, les enfants, je les dresse et les oblige, bien trop tôt à devenir adultes.
Fort possible qu'il y a dix ans, c'est moi qui ai changé G.
Fort possible de fait qu'il ne faille plus que je le revois G.


Au fait, il s'appelle Giovanni.

4 commentaires:

richard a dit…

Evite la crise à ta petite entreprise

-M- a dit…

Comment ça?

Anonyme a dit…

mouai pas très originale cette même rengaine sur l'engagement… Il n'y a vraiment pas d'autres excuses plausibles ?

richard a dit…

Il ne s'appelle pas Rocco ?